Damé au Massif de Charlevoix
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Les coulisses des opérations hivernales

Vous skiez les montagnes depuis déjà plusieurs années, souvent depuis que vous êtes très jeune. L’opération d’une station de ski vous semble des plus naturelles quand tout roule conformément. Mais qu’en est-il vraiment de la réalité, des enjeux et des responsabilités derrière chacun des départements d'opération d'une destination ski? Notre but ultime est de vous faire vivre des moments mémorables et de qualité en montagne, découvrez les coulisses des opérations nécessaires à la création d’une expérience hivernale unique au Massif de Charlevoix.

Le saviez-vous?

  • L’enneigement se fait en près de 45 jours, 24 h sur 24, ce qui représente près de 1 080 heures d’enneigement réalisées par 2 équipes de 5 personnes dédiées uniquement à cette tâche. 
  • Nous passons près de 240 heures à débroussailler la montagne pendant 6 semaines entre l’été et l’automne.
  • La montagne nécessite près de 10 h de damage par jour, à raison de 4 préposés au damage en simultané. 
  • Le damage est un art qui, comme l’enneigement, requiert certaines prédispositions.
  • Avant même que vous ne soyez debout, nos équipes d’opérations et de communication sont en poste pour évaluer les conditions de glisse et vous assurer une belle expérience en montagne.
  • Au-delà des tâches d'opérations courantes que vous connaissez, des experts en aménagement du territoire font, entre autres, la veille du ruissellement des eaux.
La patrouille au Massif de Charlevoix

L’opération en montagne

L’équipe aux remontées, les patrouilleurs, les moniteurs de glisse, les guides en montagne, les guides de luge, les électriciens, les préposés aux bâtiments, l’équipe du service aux invités, de l’animation, de l’administration, des communications et de la restauration travaillent très tôt le matin pour s’assurer que les opérations de la montagne tournent rondement. Tout est mis en place pour que les invités vivent une expérience euphorique, tant en montagne que dans nos différents points de service.

Affronter les températures glaciales des nuits hivernales, travailler avant l’aube pour préparer le magnifique tapis de corduroy, créer cet or blanc, remuer ciel et terre devant toute intempérie pour s’assurer que la montagne soit sous son meilleur jour; c’est ce qui est accompli par les équipes aux opérations afin que nos invités arrivent sur un terrain de jeu magnifique et ressourçant. On les appelle les guerriers de la montagne. 

Enneigement au Massif de Charlevoix

La production de l’or blanc

L’enneigement n’a jamais été aussi d’actualité que dans les dernières années. Les changements climatiques nous font vivre des hivers inconstants, imprévisibles et surtout moins enneigés. Qu’advient-il de la production de l’or blanc? Plusieurs facteurs entrent en compte quand vient le temps de fabriquer de la neige. Compte tenu de la situation géographique du Massif de Charlevoix, la proximité du fleuve, le soleil, le vent ainsi que le degré d’humidité constituent tous des facteurs déterminants dans l’équation.

Le processus de l’eau qui se transforme en neige grâce à l’air sous pression est appelé nucléation. Les gouttelettes créées se transforment tout de suite en flocons. Plus le flocon reste en suspends dans les airs, plus il s’assèche et forme de la neige de qualité.

La fenêtre de froid

Une fenêtre de froid de plusieurs jours consécutifs est nécessaire pour démarrer les canons. Pourquoi ? La première étape du processus d’enneigement peut prendre jusqu’à 6 h avant même de commencer la production. Il en va de même pour l’étape de fermeture. Une bonne gestion de l’énergie et de l’eau est donc requise.

Fabriquer de la neige dans des températures marginales, c'est-à-dire trop chaudes, ne donne pas les résultats escomptés. Un volume de neige fabriqué à -2 degrés sera deux fois plus petit qu’une production réalisée à -10 degrés. C’est ce qui arrive quand les buttes de neige deviennent jaunes.

Le soleil

Le soleil joue un grand rôle dans le processus de nucléation. Lorsque vous apercevez un arc-en-ciel dans les gouttelettes, ce n’est jamais bon signe. Le soleil vient réchauffer ces dernières, ralentissant le processus de fabrication de neige.

L’humidité

La proximité avec le fleuve crée un défi supplémentaire au Massif de Charlevoix. L’humidité relative ne doit pas être élevée. Le frimas est l’ennemi numéro un de la neige artificielle. Même s’il fait froid, l’humidité peut empêcher le processus de nucléation.  

Les vents

En raison de la proximité du fleuve, les vents dominants sur la montagne complexifient la tâche de nos équipes qui doivent contrôler le tout pour s’assurer que la neige fabriquée se dépose au bon endroit. 

Le travail des préposés à l’enneigement

Ce travail est réalisé dans des conditions extrêmes, sur un terrain accidenté. De longues heures de travail sont requises pour enneiger la montagne, de jour comme de nuit. « Les flocons », surnom donné aux préposés, doivent parfois gérer des dégâts d’eau au froid. Lors d’un bris ou d’une panne électrique, une course contre la montre s'enclenche pour vider le système de son eau avant qu’il ne gèle.

Dameuse au Massif de Charlevoix

L’art du corduroy

Qui ne raffole pas du bruit et de la sensation des skis qui mordent dans le parfait corduroy? Être dameur est un métier de passion qui nécessite une précieuse expertise, c’est un art. Nos dameurs travaillent dans des conditions difficiles et parfois risquées, puisqu'ils opèrent sur le plus haut dénivelé à l’est des rocheuses canadiennes.

Avec la noirceur, les tempêtes ou les températures glaciales, la prudence est de mise en tout temps. Rien n’est jamais gagné, le microclimat et le sol rocailleux de la montagne comportent leur lot de défis. Les véhicules et la machinerie, de même que les manoeuvres, doivent être adaptés à notre terrain de jeu.

L’importance du débroussaillage

Le débroussaillage débute en été. Il permet de dégager le sol pour qu'il puisse garder la neige plus longtemps et ainsi offrir des conditions de glisse exceptionnelles. L'ensemble des pistes est élagué par une machine conçue par les équipes du Massif, développée avec l'aide d'ingénieurs. Elle est deux fois plus performante et fait gagner beaucoup de temps sur le terrain. Le secteur hors-piste, quant à lui, nécessite un travail manuel ardu. 

Travailler la neige

Ce n’est pas seulement la quantité de neige tombée qui compte. Il faut d'abord et avant tout créer un fond dur pour éviter d'endommager les pistes et la machinerie, à moyen terme, en damant trop tôt en début de saison. Il est primordial de ne pas faire remonter à la surface la végétation cachée sous la neige ou de mettre de la pression trop rapidement sur le sol.

Lorsque le fond est favorable, nos dameurs effectuent un premier passage sur les pistes, sans damer, afin de taper la neige et enlever les défauts de fond de piste. C’est seulement lors d'une prochaine bordée de neige qu’un faible damage peut être effectué.

Saviez-vous que certaines pistes ne peuvent être damées qu’une fois sur deux afin de les préserver dans les meilleures conditions possibles, le plus longtemps possible? C’est notamment le cas de La Prairie et de La Martine.

Les équipes de damage doivent constamment s’adapter aux fluctuations météorologiques qui affectent les conditions de glisse. Il est notamment impossible de damer de la neige collante après un épisode de pluie. Il faut attendre une baisse de température sans qu'elle ne soit trop froide pour que la neige ne fige pas. Nos opérateurs ont alors une petite ouverture pour aller sur les pistes. Fins connaisseurs de cet art, ils évaluent en tout temps les conditions pour éviter d’endommager les pistes et la machinerie.

Télécabine au Massif de Charlevoix

La sécurité avant tout

Les remontées

Ne jamais rien prendre pour acquis, avoir des plans A, B, C et D, car même si la journée s’annonce douce, tout peut arriver. L’inspection des remontées et des pistes est effectuée plus d’une fois par jour afin d'assurer la sécurité des invités et laisser place à la glisse en toute quiétude.

Au total, 8 mois d’entretien sont nécessaires à l’entretien des remontées. Nous effectuons une vigie constante et préventive nécessitant plusieurs tests de sécurité. Ce sont 6 mécaniciens qui travaillent à l’année afin d’être fins prêts pour le début de la saison. Nous comptabilisons près de 5 000 heures pour l'entretien de l'ensemble des remontées mécaniques. 

Pourquoi les pistes et les remontées tardent à ouvrir ou s’arrêtent parfois, pendant un certain temps? Nos mécaniciens sont sur place dès 6 h le matin afin d’inspecter chacune des remontées mécaniques avant l’ouverture de la montagne. Aucune remontée n'est en fonction tant qu’elle n'est pas inspectée par l’un de nos mécaniciens.

Il y a beaucoup de systèmes de protection sur une remontée mécanique, entre autres de nature électronique. Plus il y a de protection, plus il est possible que des arrêts se produisent. Quand un arrêt est déclenché par un dispositif électronique, l’un de nos mécaniciens doit se rendre sur place pour inspecter le problème avant de remettre la remontée en opération. Une course contre la montre qui se fait systématiquement dans les règles de l’art afin de prendre toutes les précautions requises pour éviter des problèmes majeurs. 

La localisation géographique et les particularités climatiques du Massif de Charlevoix entraînent des conditions qui diffèrent dans tous les secteurs de la montagne. Tempêtes de neige, verglas, forts vents et changements de température extrêmes sont tous des éléments qui peuvent interférer avec les opérations des remontées, et qui sont considérés dans une optique sécuritaire.

La patrouille au Massif de Charlevoix

Les patrouilleurs, pompiers de la montagne

Ils sont les yeux et les oreilles de tous sur le terrain. Les patrouilleurs ont une responsabilité globale en coordination avec chaque département. D’un détail signalétique à une évacuation, ils sont formés et prêts pour répondre à toute éventualité. Ils constituent le dernier filet de sécurité avant l’ouverture et la fermeture de la montagne.

Main dans la main avec les opérations, les patrouilleurs effectuent un énorme travail de prévention, assurant des conditions de glisse favorables. Ils analysent et recommandent l’ouverture de pistes selon les obstacles et éléments qui pourraient compromettre la sécurité des invités. 

Œuvrer à la patrouille est un réel casse-tête nécessitant un grand travail de coordination. La répartition des patrouilleurs en montagne est assurée par notre gardien du savoir, le Grand-Duc. Il sait tout ce qui se passe, à tout moment, relayant l’information entre les départements.

Les particularités géographiques de la montagne constituent un défi parmi d’autres. Plusieurs pistes au Massif dépendent les unes des autres, tel un entonnoir. Les trajectoires des skieurs et planchistes doivent être optimales et sécuritaires. Les patrouilleurs doivent constamment penser en mode évacuation et sûreté, conformément aux réglementations des stations de ski du Québec.

Le haut d’un secteur peut notamment offrir de magnifiques conditions mais si les pistes qui s'ensuivent ne sont pas dans le même état ou si le degré de difficulté augmente en cours de descente, le secteur doit demeurer fermé. Tout est dans le détail et la minutie, à l’échelle de la grande superficie du Massif, unique et particulière.

Guide Bell au Massif de Charlevoix

Des employés et des guides dévoués

En pleine saison, lorsque la montagne est à son plein potentiel, 7 jours sur 7, une armée de 135 employés sont en place dont 11 guides. Le besoin en main-d’œuvre constitue un réel défi considérant la pénurie importante et généralisée au Québec, sans oublier l’emplacement éloigné de la montagne. Notre partenariat avec le syndicat du Massif contribue à notre volonté de rendre nos employés heureux, longtemps. 

Afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre, les guides bénévoles Bell prêtent main forte à nos équipes pour assurer le bon déroulement de nos activités. Sur une base volontaire, ceux qui détiennent une formation adéquate peuvent être rémunérés pour travailler dans certains secteurs, en fonction des besoins. Leur aide est plus que précieuse et appréciée de tous. L’esprit de famille et d’entraide au sein des employés se fait ressentir lorsque des défis se présentent. L’amour de la montagne rend tout possible.

Yvon remontées mécaniques au Massif de Charlevoix

Les artisans de la montagne

Le Massif de Charlevoix est une destination unique qui bénéficie d'une préparation en continu, 12 mois par année, et de la passion de nombreux humains qui y travaillent. Bien au-delà du volume, la qualité de l’expérience est valorisée afin d’offrir une expérience mémorable en montagne.

Les équipes collaborent à la résolution de chaque problématique pouvant être résolue à l’interne sans que les invités en prennent conscience. Tout peut arriver, l’imprévu est en quelque sorte le pain quotidien des troupes. Des défis qui semblent parfois impossibles sont surmontés pour assurer le maintien sécuritaire des opérations.

Tout employé est un artisan de son département à la montagne. Chacun de nous a un grand souci d’amélioration continue, d’innovation et de développement durable visant à faire rayonner la montagne à sa juste valeur, une montagne qui est en quelque sorte notre maison et notre fierté.